mardi 1 mai 2012

L’austérité a enterré l’emploi dénonce l’OIT dans son rapport annuel




L’OIT estime que 196 millions de personnes étaient à la recherche d’un emploi en 2011 et qu’elles seront 202 millions de personnes 2012. Le pic de cette augmentation n’est pas attendu avant 2016.
D’après l’auteur du rapport, Robert Torres, directeur de l’Institut international d’études sociales de l’OIT, le plus inquiétant n’est pas la hausse en soi mais plutôt l’installation d’un chômage structurel. Deux chiffres éloquents : premièrement, il manque encore 50 millions d’emplois pour retrouver le niveau d’avant la crise de 2008, deuxièmement dans les deux ans qui viennent, 80 millions de personnes vont arriver sur le marché du travail. Comment les absorber avec une croissance en berne ou chancelante ? Les déficits sont particulièrement critiques dans le monde arabe et en Afrique.
Dans les pays les plus fragiles sur le plan politique, cette dégradation de la situation de l’emploi augmente le risque de recrudescence des troubles sociaux. Pour compléter ce sombre tableau, Robert Torres fait remarquer que la seule forme d’emploi en plein essor est le travail à temps partiel contraint, c’est-à-dire la situation la moins protectrice pour le salarié, et rappelle que les jeunes sont les plus exposés à la faiblesse de l’offre.
Le piège de l’austérité
Face à ce constat, l’OIT dénonce le choix de l’austérité fait par de nombreux gouvernements européens et qui se révèle contre productif pour l’emploi. « Comment sortir du piège de l’austérité » est d’ailleurs le titre du rapport de l’agence onusienne. La rigueur étouffe la croissance et donc tue l’emploi dans l’œuf, explique Robert Torres.
La régulation du marché du travail, souvent présentée par les libéraux comme une riposte efficace au chômage est, dans un contexte de faible croissance, dangereuse : elle libère les licenciements, à un moment où les entreprises n’ont ni les moyens ni la visibilité pour créer des emplois. Elle aggrave donc les déséquilibres du marché plutôt qu’elle ne les corrige.
Dans les pays émergents, l’OIT constate que la politique de relance par la demande complétée par la hausse des salaires, suivie notamment en Chine, va dans le bon sens et doit être renforcée.
Des propositions concrètes pour l’Union Européenne
C’est sans doute dans ses propositions faites à l’Union Européenne, zone jugée la plus préoccupante pour l’OIT, qu’elle est la plus pertinente. Au moment où les gouvernements s’interrogent sur le besoin de relancer la croissance, l’agence enfonce le clou en affirmant que rigueur budgétaire et relance sont conciliables.
Vu l’incapacité de la Banque centrale européenne à desserrer le crédit, l’OIT suggère que la Banque européenne d'investissement soit mise à contribution et que les gouvernements adoptent des mesures d’incitation fiscale pour remédier au plus vite au manque de crédit qui empêche la reprise. Car sans retour de la croissance, résorber le chômage relève de la mission impossible.
Ensuite, l’Europe pourrait réorienter les fonds structurels européens dédiés au développement du monde rural vers le marché du travail. Une idée avancée par le candidat socialiste à l’élection présidentielle française, François Hollande, et qui a fini par convaincre la chancelière Angela Merkel.
Et de conclure par ce qui apparaît comme un vœu pieu : que la réforme de la gouvernance mondiale advienne pour qu’une coordination internationale des politiques d’emploi soit possible.

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