mardi 3 avril 2012

Les conséquences de l’embargo de la Cédéao contre le Mali


Les conséquences de l’embargo de la Cédéao contre le Mali



Conséquences financières
Les ministres des Finances de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), réunis à Abidjan, ont pris en conséquence un certain nombre de mesures conservatoires. Les différents établissements financiers de Uemoa , notamment la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest ( BCEAO) et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) ne doivent désormais entretenir des relations qu’avec les personnes disposant d’habilitations conférées par un gouvernement légitime de la République du Mali, ce qui proscrit donc toute relation avec la junte. En conséquence, la BCEAO, suspend tout mouvement de fonds sur les comptes ouverts dans ses livres au nom du Trésor public malien. La Banque centrale n’effectue donc plus d’opérations avec le Trésor malien, à l’exception de quelques règlements en cours. Concrètement, il s’agit d’assécher le Trésor malien qui risque à terme de ne plus être en état de payer les fonctionnaires ou les militaires. Les fonds alloués chaque année au budget malien par la BCEAO en bonds du trésor sont de l’ordre de 90 à 120 milliards de francs Cfa, soit environ 10% du budget malien qui est d’environ 1 000 milliards de francs Cfa.
En revanche, la BCEAO continuera à effectuer des opérations avec les établissements de crédits maliens, autrement dit avec les banques privées. Pour l’économiste sénégalais Sanou Mbaye, il ne s’agit pas d’un embargo aussi dur que celui qui avait frappé la Côte d’Ivoire.
Inquiétudes à Bamako...
Dans la capitale malienne, les populations sont inquiètes et craignent des pénuries notamment en ce qui concerne les hydrocarbures. Les stations d’essence ont été prises d’assaut par des automobilistes qui remplissent le réservoir de leur véhicule. D’après le président du conseil malien des chargeurs, Ousman Babalaye Ndao, le pays aurait à peu près une semaine de réserve d’hydrocarbure. En tout cas, la société Energie du Mali, qui assure la production et la distribution d’électricité a commencé à procéder à des délestages par précaution. Les centrales thermiques maliennes risquent en effet de se retrouver à cours de carburant faute d’approvisionnement en provenance de l’étranger.

Les exportateurs s’inquiètent également. Le Mali est le premier producteur de coton d’Afrique après l’Egypte. Les producteurs risquent de se retrouver avec des stocks importants, d’autant que la CMDT (Compagnie malienne de Développement Textile) affichait cette année l’ambition de doubler sa production par rapport à 2011 (260 000 tonnes). Les producteurs de mangue, produits périssables vendus essentiellement en Europe, espèrent que l’embargo sera levé d’ici quelques jours, car la saison va commencer.
... et dans la région du nord
Les pénuries se font sans doute sentir plus durement dans les villes du nord, occupés par les rebelles touaregs, notamment Tombouctou et Gao. La circulation entre le sud et le nord est pratiquement interrompu dans le sens sud-nord. En revanche, des gens fuient les régions du nord pour gagner Segou ou Bamako. Les opérateurs économiques et les banques de Tombouctou et Gao ont été victimes de pillages. D’après les témoignages recueillis par Ousman Babalaye Ndao auprès de patrons dans les villes du nord, c’est à Gao que la situation est la plus critique.

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