UNE AFRICAINE ( Ngozi Okonjo-Iweala ) A LA TÊTE DE LA BANQUE MONDIALE ?
Tous derrière... et elle devant ? La ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo-Iweala,
bénéficie d'un très large soutien pour succéder à l'Américain Robert
Zoellick, qui quittera la présidence de la Banque mondiale le 30 juin.
La preuve ? C'est son homologue sud-africain Pravin Gordhan qui a annoncé, le 22 mars,la candidature de celle dont les pays émergents ont fait leur championne
Les prétendants avaient jusqu'au 23 mars au soir pour se déclarer. Les
25 membres du conseil d'administration de l'institution désigneront
ensuite le nouveau président, sans doute en mai. José Antonio Ocampo,
ex-ministre colombien des Finances, a lui aussi confirmé sa candidature.
Ngozi Okonjo-Iweala
présidente de la Banque mondiale ? Sa nomination à ce poste prestigieux
traduirait (enfin !) la reconnaissance par la communauté internationale
de la capacité des Africains à diriger l'une des plus puissantes
organisations mondiales. Première personnalité du continent, première
Noire et première femme à diriger l'institution de Bretton Woods...
L'Afrique en rêve. Et les pays émergents, qui font le forcing pour
imposer l'un des leurs à ce poste prestigieux, pourraient contribuer à
faire de ce rêve une réalité. Sous leur pression, les 187 pays membres
de la Banque mondiale se sont entendus en 2011 pour que le mérite soit
l'unique critère de sélection du successeur de Robert Zoellick. Une
manière de modifier en douceur la règle tacite qui veut que la
présidence de la banque revienne à un Américain.
Dame de fer
Il faut dire que la candidature de la Nigériane a du caractère.
Diplômée de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology (MIT),
aux États-Unis, Ngozi Okonjo-Iweala, 57 ans,
a passé plus de vingt ans dans les couloirs de la Banque mondiale et
jouit d'une solide réputation internationale. Un crédit qu'elle a
renforcé comme ministre des Finances de son pays, déjà, de 2003 à 2006,
sous Olusegun Obasanjo. Avec une grande fermeté - d'où son surnom de
« dame de fer » -, elle a restauré les comptes de l'État, relancé la
croissance et renégocié la dette du pays. Abonnée aux allers-retours
Abuja-Washington, elle a réintégré la Banque mondiale comme directrice
générale en 2007, appelée par Robert Zoellick, dont elle est proche.
Puis, nouveau renversement en juillet 2011, lorsque Jonathan, élu président le 16 avril, la sollicite pour diriger une fois encore les Finances du Nigeria.
Et demain ? Retour à Washington, dans le fauteuil de Zoellick ? C'est
compter sans la résistance des Américains, qui ont le plus grand nombre
de droits de vote et n'ont pas dit leur dernier mot. À quelques mois de
la présidentielle, Barack Obama ne peut abandonner la présidence de la
Banque mondiale sans que les républicains le torpillent. Pour contrer la
Nigériane, il a dévoilé son candidat-surprise le 23 mars : il s'agit du
médecin d'origine sud-coréenne Jim Yong Kim, 52 ans, ancien directeur
chargé du sida à l'Organisation mondiale de la santé.
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