COURS DE MARKETING :
approche analytique : ANALYSE
INTERNE
L’analyse interne doit permettre de
mettre en évidence les principales forces de l’entreprise, c’est à dire son
savoir-faire, son métier, ses compétences… mais aussi ses faiblesses dans les
différents domaines (marketing, finance, production, ressources humaines…) afin
de consolider ou d’améliorer ses performances.
1. – Identification des éléments de
performance
Dans les années 90 la société Arthur D. Little a proposé
de modéliser l’entreprise à haute performance à partir des éléments suivants :
-Satisfaire les
clients
-en améliorant les
savoir-faire
-grâce à une
meilleure gestion des ressources et une meilleure organisation
1.1. Les clients
Un des défis majeurs à relever par le
marketing est de satisfaire l’ensemble des clients. Les clients satisfaits sont
en général fidèles à l’entreprise. La démarche consiste à identifier les
clients dans un premier temps, puis d’appréhender la « valeur délivrée » pour
mesurer le degré de satisfaction de la clientèle.
¨ Identification des
clients
Il s’agit d’identifier la clientèle :
qui sont les clients ? répartition géographique ? répartition selon leur taille
? répartition selon leur métier ?
¨ Valeur délivrée au
client
Parmi les produits et services offerts,
le client cherche celui qui lui procure le maximum de valeur. Dans les limites
de ses efforts, de son information, de sa mobilité et de son revenu, il cherche
à maximiser cette valeur.
: ¨ La satisfaction du
client
On peut définir la satisfaction comme
le sentiment d’un client résultant d’un jugement comparant les performances
d’un produit (ou plutôt sa valeur dérivée) et ses attentes.
Trois niveaux de satisfaction sont
envisageables :
- le niveau minimum en dessous duquel
apparaît le mécontentement
- le niveau moyen qui assure une bonne
croissance
- le niveau supérieur susceptible
d’engendrer une forte fidélité.
· Quelques méthodes de
mesure et de suivi de la satisfaction
§ Boîtes à suggestions
et livres de réclamation : une entreprise orientée vers le client doit inviter
la clientèle à formuler suggestions et critiques
§ Enquêtes de
satisfaction :de nombreuses études ont montré que les clients mécontents
n’expriment pas spontanément leur mécontentement. Ils se contentent de changer
de marque ou de produit, sans que l’entreprise en comprenne la raison.
§ Clients mystère :
méthode courante dans les services et la distribution, qui consiste à faire
appel à quelqu’un pour jouer, incognito, le rôle d’un client en lui demandant
de noter ses impressions positives et négatives.
§ Analyse et évaluation
du coût des clients perdus. Le coût d’acquisition de nouveaux clients est
souvent supérieur à celui de la fidélisation d’anciens clients.
Aussi l’entreprise doit surveiller la
défection de sa clientèle et en réduire l’amplitude
· Mise en oeuvre de la « Qualité Totale »
Toute la difficulté consiste à mettre en
place dans l’entreprise, une « culture » qui pousse chaque salarié à se
surpasser dans l’intérêt du client. Le programme de
« Qualité
Totale » peut être défini comme un effort entrepris au niveau de l’ensemble de
l’entreprise pour sans cesse améliorer produits, services et processus. Il
repose sur quelques règles :
- la qualité est celle qui est perçue par le client
- la qualité reflète toute l’activité de l’entreprise, pas uniquement ses
produits
- la qualité exige une implication totale du personnel
- la qualité exige des partenaires de haut niveau
- la qualité peut toujours être améliorée et ne revient pas nécessairement plus
cher
- un programme d’amélioration de la qualité ne peut repêcher un mauvais produit.
Ø On a compris que la mise en oeuvre des méthodes de
qualité totale, ne concerne pas exclusivement le marketing, mais l’ensemble des
départements de l’entreprise et suppose la mise en place de processus
organisationnels, de communication interne et de formation.
1.2. Métier et Domaines d’Activités stratégiques (DAS)
¨ Le métier
On peut
délimiter le métier comme le « domaine naturel » de l’entreprise correspondant
à ses compétences distinctives qui lui permettent de se différencier de ses
concurrents.
On peut
distinguer plusieurs dimensions au métier :
- le métier lié à l’activité : associé au produit, il correspond à la
maîtrise des compétences techniques
- le métier lié au savoir-faire : l’entreprise possède des compétences
au-delà de son activité, lui permettant de maîtriser un ensemble plus large.
Par exemple les fabricants de produits frais doivent maîtriser la production mais
aussi la conservation et la distribution rapide de leurs produits.
- le métier lié aux façons de faire : la capacité de l’entreprise à
maîtriser son organisation, les relations entre ses différentes fonctions,
s’intègrent aussi au métier, à la façon de concevoir l’activité.
- Théodore Levitt a montré l’intérêt de définir un métier selon des critères
de marché (besoins fondamentaux) plutôt que de produit ou de technologie.
Ø Pour une entreprise, identifier son métier n’est pas
toujours aussi évident qu’il n’y paraît. C’est cependant indispensable, car de
nombreuses expériences malheureuses démontrent que des entreprises qui
s’éloignent de leur métier, dans des opérations de diversification tous azimuts,
courent des risques et en font courir à leurs salariés et leurs actionnaires.
¨ Domaines
d’activités stratégiques (D.A.S.)
Une entreprise
a souvent un seul métier dominant mais peut avoir plusieurs domaines
d’activités stratégiques.
Abell défini
un domaine d’activité stratégique à partir de trois dimensions :
- la catégorie de clientèle à laquelle on s’adresse
- les besoins que l’on cherche à satisfaire
- la technologie privilégiée.
Ø La réflexion en termes de DAS (et pas seulement de
métier) est plus opérationnelle et permet des quantifications plus aisées.
C’est d’ailleurs la notion de DAS qui est utilisée dans la plupart des modèles
d’allocations des ressources que nous étudierons plus loin.
1.3. Les ressources
Pour mettre en
oeuvre ses savoir-faire, l’entreprise a besoin de ressources humaines,
financières, technologiques, en information…Certaines de ces ressources sont
contrôlées en interne mais de plus en plus, l’entreprise en réseau cherche la meilleure
performance et pas nécessairement le plus grand niveau d’intégration.
Aussi
certaines d’entre elles sous-traitent par exemple une partie de la production
ou de la logistique auprès de partenaires spécialisés plus efficaces
qu’elles-mêmes.
Cependant
choisir le sous-traitant le plus efficient peut constituer un avantage comparatif
en termes de coûts, de qualité ou de flexibilité.
Ø Il s’agit d’identifier correctement les
ressources-clés maîtrisées en interne qui constituent des avantages
concurrentiels (forces) ou au contraire des désavantages (faiblesses) par
rapport à des concurrents mieux placés.
1.4. L’organisation
¨ Structure organisationnelle
Pour
Mintzberg, « la structure est la somme des moyens employés pour diviser le travail
en tâches distinctes, pour ensuite assurer la coordination nécessaire entre ces
tâches ». Ainsi la structure, c’est l’ossature, le squelette de l’organisation.
C’est la manière dont les tâches et les responsabilités ainsi que leurs
relations sont décrites et stabilisées.
Les
différentes structures sont représentées sous la forme d’organigrammes. Un organigramme
de structure représente graphiquement une répartition des tâches et des
pouvoirs dans l’entreprise.
C’est surtout
l’organisation interne du département de marketing et ses relations avec les
autres départements qu’il s’agira d’examiner.
¨ L’organisation interne du département marketing
Les structures
internes adoptées dans les départements marketing des entreprises sont
multiples. On peut cependant en identifier quatre types principaux :
§ Organisation
fonctionnelle : c’est la structure la plus ancienne et encore la
plus répandue : le Directeur marketing s’entoure de spécialistes (Dr de la
promotion des ventes, de la publicité, des ventes, des études de marché…).
C’est une
organisation simple sur le plan administratif mais qui rencontre ses limites en
cas de développement des produits ou des marchés.
§ Organisation
géographique : régionale, nationale ou internationale
§ Organisation par
chefs de produits : à côté de services fonctionnels (recherche, fabrication,
logistique…) on trouve plusieurs chefs de groupes qui supervisent chacun une
équipe de chefs de produits. Ce système permet une centralisation de la
responsabilité pour chaque produit.
§ Organisation par
chefs de marchés : structure similaire à celle par produits mais les
chefs de produits sont remplacés par des chefs de marché (catégories de clientèles
distinctes selon leurs habitudes d’achat). Chaque chef de marché est supervisé
par un Directeur de clientèle faisant appel aux différents services fonctionnels.
§ Organisation par
couples produits/marchés (structure matricielle) :
concerne les entreprises qui commercialisent de multiples produits destinés à
de multiples marchés.
¨ Relations entre le département marketing et les autres
département
Dans une optique « orientation clients », le
département marketing doit coordonner les actions de différents départements
pour développer une sensibilité commune à la qualité au service du client.
§ Recherche et
développement : à partir de l’examen de l’évolution de l’univers des besoins
par le marketing, la recherche prend en charge l’innovation des produits.
§ L’ingénierie a pour
mission de découvrir de nouveaux processus d’élaboration de produits et de
nouveaux procédés de fabrication.
§ Achats : a pour objet
d’obtenir les matières et fournitures dont la production a besoin au moindre
coût, dans les meilleurs délais et en quantité suffisante.
§ Production : elle
s’efforce de fabriquer de façon continue les produits adéquats (en quantité et
en qualité), au bon moment et au moindre coût…
Ø Définir la structure organisationnelle, revient à caractériser
l’organisation interne du département marketing et ses relations avec les
autres départements.
1.5. La culture d’entreprise
Pour M.
Thévenet « la culture d’entreprise est un ensemble de références partagées dans
l’organisation, construites tout au long de son histoire en réponse aux problèmes
rencontrées par l’entreprise ».
Ces références
communes peuvent être :
- des valeurs, c’est à dire des finalités essentielles poursuivies par l’entreprise
et ses salariés,
- des symboles : personne, objet ou fait qui par sa forme ou sa nature évoque
quelque chose (logo, récompenses, tenues vestimentaires…)
- des rites : manière d’agir propre à l’entreprise (manière de débuter le travail,
pause, détente, repas…)
- des mythes : récit qui permet d’illustrer avec force un symbole ou une attitude
(histoires édifiantes, héros de l’entreprise…).
Ø Certaines références de la culture d’entreprise
(valeurs, héros, mythes…) sont largement communiquées au public par la
publicité. Ces opérations de communication visent à améliorer l’image de la
marque.
1.2. Allocation des ressources aux D.A.S.
Une fois les
domaines d’activités stratégiques recensés, il faut les analyser et les évaluer
afin de savoir s’ils doivent être développés, maintenus, exploités ou abandonnés.
De nombreux outils d’analyse sont aujourd’hui disponibles. Nous étudierons le
modèle le plus célèbre proposé par le Boston Consulting Group
(B.C.G.).
1.2.1. Présentation du modèle B.C.G.
¨ Critères de positionnement des DAS
La matrice BCG
positionne les D.A.S. en fonction de leur situation au regard de deux dimensions
:
· La part de marché relative : renseigne sur la
position concurrentielle de chaque
DAS de
l’entreprise et donc sur leur position en termes de leadership. Elle se calcule
en rapportant la part de marché de l’entreprise à la part de marché moyenne des
principaux concurrents.
· Le taux de croissance du marché : est considéré comme
un indicateur de son attrait ; plus il est important plus le marché est jugé
porteur. Il renseigne également sur les besoins de liquidités que le DAS va
nécessiter. En effet le taux de croissance annuel du marché conditionne
directement le taux d’investissement nécessaire pour maintenir ou développer
une position concurrentielle. Plus le taux de croissance est fort, plus les
besoins de financement (cycles d’investissement et d’exploitation) sont élevés.
A contrario, un marché stable ou
en déclin exige peu de besoins de
financement.
¨ Les 4 catégories de DAS
· Les vaches à lait : sont des DAS où la croissance est
réduite, les besoins de financement sont donc limités. En revanche la position
de leader fait de ces activités des sources de dégagement important de
liquidités.
· Les vedettes : constituent des domaines créant des ressources
financières importantes qui permettent de financer les besoins engendrés par la
croissance du marché. Ces DAS s’équilibrent ou sont excédentaires en
liquidités. Ils constituent la partie dynamique du portefeuille d’activités.
Les « vedettes » sont en croissance et sont appelées à devenir « vaches à lait
». Elles contribuent à la croissance et s’autofinancent.
· Les poids morts : sont des DAS vieillis pour
lesquels l’entreprise n’a pas su s’imposer en termes de part de marché. Ils se
caractérisent par une double absence de besoin et de dégagement de liquidité.
Ils n’apportent à l’entreprise ni croissance, ni marge.
· Les dilemmes : sont des DAS à fort taux de croissance, mais pour
lesquels l’entreprise n’a pas encore su acquérir des positions concurrentielles
dominantes.
Ces DAS sont
demandeurs de ressources financières pour assurer leur développement. Ils
contribuent à la croissance de l’entreprise et nécessitent des liquidités. Le
terme de dilemme fait référence au choix stratégique qui s’impose à l’entreprise
: soit investir pour que le DAS devienne une vedette, soit désinvestir.
Si
l’entreprise refuse de choisir, les dilemmes sont appelés à devenir des poids morts.
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