mercredi 21 mars 2012

Diagnostic pour le court terme : rentabilité des entreprises (la partie 2)


Diagnostic pour le court terme : rentabilité des entreprises (la   partie 2)

1.2 – Rentabilité économique et performance de l’entreprise
Il est à la fois artificiel et pratique de distinguer différents niveaux - commercial, économique, financier - de rentabilité de la firme, car que l'on soit partisan d'une théorie mécaniste ou d'une théorie systémique de l'entreprise, il est difficile d'expliquer sans isoler, même s'il est évident que le mécanisme ne fonctionne pas sans l'un de ses rouages ou s'il ne peut être réduit à l'un d'eux et que le système n'est pas viable privé d'un sous-système et s'il ne peut y être réduit.
Traditionnellement la rentabilité, qui est une notion relative à l'opposé du résultat, s'apprécie à l'aide de ratios isolés ou, ce qui est mieux, à l'aide d'une batterie de ratios.

1.2.1 - La rentabilité économique décrite par les ratios
Il existe de nombreuses batteries de ratios qui apportent une aide précieuse, mais limitée, au diagnostic. Cette aide diminue lorsque la complexité de la batterie augmente et la batterie choisie ne traite pas toujours de façon claire les problèmes de performances économiques indépendantes du financement et les problèmes essentiellement financiers.
Deux batteries de ratios peuvent particulièrement retenir l'attention :
- La batterie pyramidale de Du Pont de Nemours : dans cet ensemble, le taux de rentabilité des capitaux investis est exprimé en fonction de la marge bénéficiaire multipliée par le taux de rotation des capitaux investis
Cette batterie peut-être plus ou moins orientée vers des préoccupations de gestion. Pour les propriétaires du capital, le seul résultat qui compte est le résultat définitif après impôt tel qu'il apparaît dans le compte 120 - Résultat et aucun actif ne les laisse indifférents, que ce soit un élément indispensable à l'exploitation ou un élément somptuaire, s'il a une valeur vénale ; dans ce cas, le rapport global à analyser est :
Résultat comptable/Total des actifs du bilan
C'est ce ratio qui sera affiné dans la pyramide. Le taux de rentabilité intéresse aussi les responsables de l’entreprise et dans ce cas le rapport global à analyser pourra être :
Résultat d'exploitation/Actifs d'exploitation
ou :
EBE/Actifs d'exploitation + crédit bail.
On peut enrichir chaque stade de la pyramide par les informations issues du compte résultat, du bilan et du tableau des soldes intermédiaires de gestion. Si on choisit la première option, on aura :
Résultat d'exploitation/ Actifs d'exploitation = (Résultat/Chiffre d'affaires) x (Chiffre d'affaires/ Capitaux engagés)
- La batterie chaînée de la croissance bénéficiaire
1.2.2 - La rentabilité économique complétée par les marges et les seuils
L'entreprise ne peut pas avoir de rentabilité économique si son activité commerciale ou industrielle ne dégage pas de surplus.
- La rentabilité commerciale de l’entreprise peut être mesurée par la marge bénéficiaire, avant ou après impôt, c'est-à-dire pour les entreprises commerciales par les ratios : Résultat net d'exploitation/Chiffre d'affaires hors taxe ou
Résultat net comptable/Chiffre d'affaires hors taxe et pour les entreprises industrielles par le ratio : Résultat d'exploitation/Production vendue.
La marge bénéficiaire, à vocation commerciale, est à l'origine de la rentabilité de l'entreprise. La marge bénéficiaire insuffisante est à l'origine de nombreuses difficultés et un ratio R/CA insuffisant doit être rapidement modifié soit en augmentant les prix moyens, soit en différenciant les produits, en segmentant les marchés ou en révisant les conditions de paiement accordée, ou encore en diminuant ses coûts moyens, en favorisant l'innovation technique, en gérant plus scientifiquement ses approvisionnements ou en améliorant ses circuits de distribution. La rentabilité commerciale, traduite par la marge bénéficiaire est donc une première approche, très pragmatique de la rentabilité, mais elle ne tient pas compte de la structure des capitaux employés.
- La rentabilité économique est une approche fondamentale de la rentabilité, car elle permet d'étudier les résultats relatifs de l'entreprise indépendamment de son financement. Dans la formule générale bien connue :
Rentabilité financière = Rentabilité économique + Levier financier, la rentabilité économique est le produit d'une marge bénéficiaire (résultat d'exploitation divisé par chiffre d'affaires) par un taux de rotation de l'actif (chiffre d'affaires divisé par total de l'actif). La formule générale montre que si la rentabilité économique est nulle, le levier financier est négatif et la rentabilité financière est nulle ou négative et donc avant de penser au financement de l'entreprise, il est essentiel de se prononcer sur la finalité de celle-ci. Dans la pyramide Du
Pont de Nemours, examinée plus haut, la marge commerciale exprimée
par le rapport Résultat d'exploitation/Chiffre d'affaires indique le  pourcentage de résultat réalisé par rapport aux ventes. Ce résultat est obtenu, pour l'essentiel, par différence entre le chiffre d'affaires et les charges d'exploitation. L'analyse Coût-Volume-Profit permet de répondre à deux questions essentielles :
- à quelles conditions commencera-t-on à réaliser un surplus d'exploitation ;
- quelle est la variabilité de ce surplus.
La première question débouche sur l'analyse du seuil de rentabilité : le seuil de rentabilité est atteint lorsque le chiffre d'affaires est égal à la somme des coûts fixes et des coûts variables : CA = CF + CV. Comme CA = CF/(1 - CV/CA) et que CV/CA représente la part des charges variables dans les ventes totales, le dénominateur (1 - CV/CA) représente la marge sur coût variable et le seuil de rentabilité peut s'écrire : SR = CF/MSCV ;  à partir de cette relation on peut étudier les effets d'une variation du chiffre d'affaires sur le niveau du résultat d'exploitation. Par l'intermédiaire du levier d'exploitation qui mesure l'accroissement relatif du résultat d'exploitation qui résulte d'un accroissement relatif de la production, on a une idée de la sensibilité, de la volatilité de ce résultat d'exploitation.

Soit RE le résultat d'exploitation avant charges financières, Q le volume de production et e le levier d'exploitation : ε = (ΔRE/RE)/(ΔQ/Q)
Pour le niveau Q de production, on peut écrire le résultat d'exploitation : RE = Q(p -v) – CF où p est le prix des produits et v le coût variable unitaire des produits.
L'accroissement du résultat est ΔRE = ΔQ(p -v) et l'accroissement relatif vient : ΔRE/RE = [ΔQ (p – v)/Q (p - v)] – CF et donc :
ε = [[ΔQ (p – v)/Q (p - v)] – CF]/(ΔQ/Q)
ε = Q (p – v)/[Q (p - v) - CF] comme Q x p = CA et Q x v = CV,
ε = (CA – CV)/(CA – CV – CF)
ε = MSCV/RE
Comme RE = MSCV - CF, le levier d'exploitation est d'autant plus élevé que les charges fixes qui font diminuer CF sont importantes et si le levier d'exploitation est élevé, de faibles changements de volume des ventes auront de fortes conséquences sur le résultat d'exploitation.
La rotation de l'actif (Chiffre d'affaires/Actif total) peut aussi faire l'objet d'une étude approfondie : les actifs circulants : stocks, créances, disponibilités mettent en évidence une certaine qualité de la gestion, traduite par une politique d'approvisionnement tendant à l'amélioration des stocks, par une pratique commerciale soucieuse d'encadrer le crédit client et par une surveillance particulière de la trésorerie. Les immobilisations doivent montrer l'amélioration de la productivité mais il faut contrôler le rapport actif immobilisé/actif circulant. Cette analyse, qui incite déjà à faire référence à une optique fonctionnelle, doit déboucher sur la volonté de faire évoluer le chiffre d'affaires plus rapidement que le volume des actifs : le contraire traduit un laxisme économique des dirigeants de l'entreprise, préjudiciable aussi bien à court terme qu'à long terme.
Les gestionnaires expérimentés considèrent qu’une entreprise est assez facile à gérer lorsque le levier d'exploitation est compris entre 2 et 3.
Un levier d'exploitation compris entre 0 et 1 caractérise une entreprise qualifiée de rigide, un levier supérieur à 4 caractérise une entreprise dont la gestion n'est pas toujours facile à contrôler car elle est trop réactive.

2 – Rentabilité financière
Il y a souvent une corrélation très nette entre la rentabilité économique et la rentabilité financière, mais l'avantage généré par l'effet de levier, pivot de la rentabilité financière, n'a pas toujours un caractère déterminant. La rentabilité financière de l'entreprise est le produit de la rentabilité économique par l'effet de levier financier.
Examinons en détail cette notion.
2.1 – Rentabilité financière et effet de levier
L'effet de levier est une notion utilisée depuis longtemps mais elle est toujours d’actualité.
2.1.1 - L'expression de l'effet de levier financier
Si on appelle D le total des emprunts auprès des établissements de crédit, CP le montant des capitaux propres augmentés éventuellement des provisions pour risques et charges non justifiées, D + CP le total des emprunts et des capitaux propres ; soit E le résultat avant déduction des charges et des produits financiers, R le résultat net comptable et enfin I le montant des charges financières.
- On définit alors la rentabilité financière de la firme par r=
(R/CP), la rentabilité économique est alors e = (E/Σ Actifs) = (E/D + CP) et le taux moyen de la dette vient i = (I/D). La rentabilité financière peut s'écrire : r = e x (R/E) x [(CP + D)/CP]
- A partir de cette équation de base, on peut définir l'effet de levier dans le cas général : si on considère un taux d'imposition quelconque t, la rentabilité financière vient : r = e x (1 – t) [(E - I)/E] x [(CP + D)/CP] soit, en simplifiant et par rapport au taux d'imposition : r = (1 – t)e + (1 – t) (e – i) x (D/CP)
Le taux de rentabilité financière est égal au taux de rentabilité des actifs e augmenté de l'effet de levier, lui-même décomposé en un écart de levier (e – i) et un bras de levier (D/CP).
Dans le cas d'un bénéfice théorique imposé à 33 %, il vient : t = 0,33 et
h = 0,67 et donc r = 0,67 e + 0,67 (e - i) D/ CP ;
2.2 – Rentabilité financière dynamique
L'étude de la rentabilité financière peut être affinée par la présentation vectorielle de l'effet de levier qui facilite l'étude dynamique d'une période à l'autre.
Le graphique de l'effet de levier met en évidence les variations des trois éléments fondamentaux : résultat courant, résultat économique et coût des charges financières au cours des périodes successives. L'écart global à analyser est représenté par les formules : Δr = Δe + Δ [ (e - i) x D /CP ] pour une variation quelconque ;
dr = de + d [ (e - i) x D /CP ] pour une variation très faible.

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