mercredi 21 mars 2012

Diagnostic pour le court terme : rentabilité des entreprises (la 1 ère partie)


 Diagnostic pour le court terme : rentabilité des entreprises (la 1 ère partie)
Pour survivre de façon durable, une entreprise doit optimiser ses facteurs de production et en tirer des excédents et des avantages. La rentabilité est la première condition nécessaire, mais non suffisante de sa survie. La notion de rentabilité paraît en première analyse très simple : le capital génère un profit, et donc le rapport entre le capital et le profit se traduit par un taux de rentabilité. Au cours d’une période donnée, la rentabilité d’une entreprisse se mesure en rapportant son résultat de la période à son capital en début de période ; quand on parle de rentabilité, on parle donc de rentabilité ponctuelle, au dernier jour de la période où on effectue le calcul.
Nous utiliserons le concept de rentabilité dans ce sens, mais il existe d'autres façons d'appréhender cette notion, pour le moment vague, au niveau du calcul. La rentabilité classique est obtenue en faisant le rapport Revenu/Capitaux, mais ceci est seulement exact le dernier jour de l'exercice. Sous cette forme, d'une apparente simplicité, elle est reliée à l'objectif de profit, dont la tradition économique a fait l'objectif principal de l'entreprise, sans avoir, dans de nombreux cas, la connotation péjorative émotionnelle de celui-ci ; elle donne une image pratique de l'entreprise à l'extérieur, puisqu'elle permet de la classer en bonne (rentable) ou mauvaise (peu ou pas rentable) sans analyse approfondie ; elle est un indicateur honnête de l'efficacité, tant au niveau de la totalité de l'entreprise qu'au niveau de chacun de ses centres de responsabilité, elle est assez vague et englobe de nombreuses notions pas toujours définies précisément. Ces notions peuvent être envisagées sous l'angle économique ou sous l'angle financier, dans une perspective à court terme.

1 – Rentabilité économique
Le plan comptable général 1999, par le biais des soldes intermédiaires de gestion, donne une contribution très utile à la connaissance économique de la rentabilité de l'entreprise et constitue un facteur essentiel du diagnostic de l'entreprise.

1.1 - Rentabilité économique et capacité de l’entreprise
Afin de cerner la triple fonction économique de l'entreprise, fonction de consommation, fonction de production et fonction de répartition, les analystes financiers ont étudié différentes formules de soldes de gestion. Le plan comptable a concrétisé leurs réflexions en organisant les charges et les produits en deux classes de comptes et en élaborant un tableau des soldes de gestion détaillant huit variables économiques caractéristiques, quatre décrivant l'activité et quatre les résultats, plus une neuvième, constatant la capacité d'autofinancement de la firme.

1.1.1 - Les soldes descriptifs d'activité économique
La marge commerciale est le premier solde intermédiaire de gestion. Il concerne les entreprises commerciales ou la branche commerciale des entreprises à activité mixte qui achètent pour revendre en l'état. La marge commerciale est obtenue en faisant la différence entre les ventes nettes et le coût d'achat des marchandises vendues. Son mode de calcul montre bien la perfection du plan comptable général en matière de codification. On retranche du compte 707 Ventes de marchandises le montant du compte 7097 Rabais, remises, ristournes accordées sur ventes pour obtenir les ventes nettes. On ajoute au compte 607 Achats de marchandises le montant des comptes 6087
Frais accessoires sur achats et 6037 Variation de stock de marchandises et on retranche le total du compte 6097 Rabais, remises, ristournes obtenus sur achats pour obtenir le coût d'achat des marchandises vendues ; tous les comptes utilisés au calcul de la marge commerciale se terminent par le chiffre 7, indication codée se référant toujours à des marchandises. Il est indispensable, dans le calcul de ce solde que les frais accessoires sur achats ne concernent que des frais externes, payés à des tiers, sous peine de voir non seulement la marge commerciale, mais encore la valeur ajoutée, perdre leur caractère significatif. Premier indicateur intéressant des performances des entreprises commerciales, on peut regretter que le nouveau plan comptable n'y inclue pas les subventions d'exploitation, ce qui entraîne pour certains secteurs d'activités un défaut, car ces subventions sont de véritables compléments du prix de vente. La marge commerciale est valorisée de manière hétérogène ; les ventes expriment le prix de vente hors taxe si l'entreprise est assujettie à la TVA, les achats sont calculés au coût d'achat hors taxe et comme les stocks sont souvent évalués au coût complet et qu'ils comprennent des coûts externes, mais presque inévitablement des coûts internes, éventuellement affectés de manière forfaitaire par clés de répartition, les variations de stock subissent également ce biais.
La production de l'exercice est essentiellement composée de la production vendue qui résulte de la somme des ventes de produits finis, de produits intermédiaires, de produits résiduels, de travaux, d'études, de prestations de services, de produits des activités annexes, corrigée des rabais, remises et ristournes accordés par l'entreprise à l'occasion de toutes ces opérations et accessoirement complétée par la production stockée, la production immobilisée ou les produits nets sur opérations à long terme. Contrairement à la comptabilité nationale, qui distingue la production au sens large pour toutes les catégories de producteurs, la comptabilité privée élabore la production au sens étroit des entreprises industrielles, en opposition à la marge commerciale des entreprises de négoce. Les concepteurs du plan comptable ont été obligés de prendre certaines options ; ainsi la production ne tient compte ni des produits financiers, ni des produits d'exploitation tels les redevances pour brevets et licences, reclassés dans les autre produits de gestion courante du résultat d'exploitation, ce qui peut se discuter, dans la mesure où, bien souvent, les délais de paiement et donc les frais de crédit, sont un élément parmi d'autres du prix de vente, même si la dissociation peut être effectuée. Enfin, la production inclut systématiquement le compte 708 Produit des activités annexes, alors que certains éléments de ce compte comprenant les commissions, les courtages, locations diverses, ports et frais accessoires facturés, cessions d'approvisionnements sont exceptionnels et devraient figurer dans un résultat exceptionnel : ainsi par exemple les courtages sur opération isolée ou les cessions de dépannage consenties à un confrère. Pour la plupart des entreprises, la notion de production qui intègre les variations de stock et production immobilisée et les bénéfices provisoires sur les opérations à long terme est mieux adaptée que la notion de chiffre d'affaires, qui fait exclusivement référence aux ventes, mais pour les firmes à cycle de production long, comme le bâtiment ou les travaux publics, lorsque la production stockée et la production immobilisée sont importantes, ces deux grandeurs sont biaisées par les coûts de stockage, de la même façon que la marge commerciale peut l'être et un souci d'objectivité peut conduire à distinguer nettement une production vendue du reste de la production. Mais le problème ne peut pas être résolu de manière unique, car en matière de comptabilité analytique, les contraintes de l'imputation rationnelle incitent à rapporter les charges à la production réellement fabriquée, qui traduit mieux l'activité , qu'au chiffre d'affaires qui ne dépend que des ventes, mais un supplément d'activité exclusivement centré sur la production immobilisée ou un redéploiement de l'entreprise dans ce sens, conduit à une fermeture de l'entreprise sur elle-même et à une baisse d'activité face au marché et donc à une diminution des capacités solvables. La production aux deux aspects exprimés en termes de prix de vente et en termes de coûts de revient est à utiliser avec prudence.
La valeur ajoutée : la valeur ajoutée est une notion clé de la comptabilité nationale qui permet de calculer la production intérieure brute. On peut la calculer de manière soustractive ou additive. Le calcul soustractif est recommandé par le plan comptable général : la valeur ajoutée est donc égale à la production de l'exercice, plus la marge commerciale et moins les consommations en provenance des tiers. Les consommations en provenance des tiers sont toutes les consommations intermédiaires achetées à l'extérieur de l’entreprise : achats d'approvisionnements stockables corrigés de leur variation de stock, de fournitures non stockables (électricité, eau, gaz), achats de soustraitance, services extérieurs multiples, frais accessoires, diminués des rabais, remises, ristournes obtenus correspondants. Par référence à la comptabilité nationale, cette valeur ajoutée est une valeur brute qui ne tient pas compte de la consommation des investissements puisque les dotations aux amortissements en sont absentes. C'est de plus une valeur ajoutée produite, qui a les mêmes caractères d'hétérogénéité que la production et les mêmes défauts pour les entreprises à cycle long et pour ces dernières firmes il est parfois indispensable de revenir à une notion de valeur ajoutée vendue pour éliminer le gonflement abusif des stocks conservés ou de la production immobilisée. Si on examine la valeur ajoutée dans l'optique de la rémunération des facteurs de production, on peut dire qu'elle sert à rémunérer ou à dédommager :
- les salariés, par l'intermédiaire des comptes de salaires et de charges sociales ;
- l'Etat, par l'intermédiaire des comptes d'impôts, hormis la TVA et l'impôt sur les sociétés ;
- les prêteurs, par l'intermédiaire des intérêts figurant dans les charges financières ;
- les investisseurs par l'intermédiaire de la rétention des dotations aux amortissements
- le capital, par l'intermédiaire du bénéfice, corrigé des amortissements et des provisions.
On peut aussi présenter la valeur ajoutée comme la somme d'un coût et d'une marge : dans cette méthode, les différents facteurs de production que nous venons d'évoquer (main d'oeuvre, Etat, prêteurs, capitalistes) peuvent être classés par nature et par fonctions en deux catégories : les charges internes indispensables à la production des produits vendues et la marge sur coût de production. Les charges internes (salaires, charges financières, amortissements) représentent le coût ajouté et on obtient la relation :  Valeur ajoutée = Coût ajouté + Marge sur coût
La connaissance du coût ajouté par rapport aux coûts externes est aussi intéressante pour la gestion que pour le diagnostic. Certains auteurs qualifient le coût ajouté et la marge de "soldes intermédiaires de gestion complémentaires" et remarquent que ce supplément d'information permet d'obtenir, pour les entreprises productrices, un coût ajouté qui élimine le profit commercial et d'utiliser une production de l'exercice homogène avec tous les éléments exprimés en coût de production.
La valeur ajoutée est un indicateur privilégié de structure et d'efficacité, même si elle se prête mal à une analyse quotidienne ou fréquente. Elle permet de connaître le poids économique réel de l'entreprise, sa contribution au milieu social où elle est insérée. Par des ratios judicieux, certains aspects privilégiés peuvent être éclairés. Le rapport Valeur ajoutée/Production permet d'apprécier le niveau d'intégration de l'entreprise, les rapports Valeur ajoutée/Effectif et Valeur ajoutée/Immobilisations d'exploitation permettent d'avoir une mesure de l'efficacité d'utilisation des facteurs de production, les ratios Charges de personnel/Valeur ajoutée ou Amortissements/Valeur ajoutée décrivent la structure de l'exploitation, qui peut être bien résumée par le ratio : (Immobilisations corporelles + BFR)/Valeur ajoutée qui exprime les investissements nécessaires à l'exploitation pour réaliser 1 € de valeur ajoutée. Enfin, la valeur ajoutée a une propriété intéressante d'additivité qui concerne moins les petites entreprises que les grandes, mais qui rend aisée la détermination de la somme des valeurs ajoutées par les établissements d'une même société, ou la détermination de la somme des valeurs ajoutées d'un groupe consolidé et cette somme peut être rapprochée dans le premier cas de marges sur coûts directs par établissements et du résultat consolidé dans le second. L'excédent brut d'exploitation : l'excédent brut d'exploitation est un indicateur privilégié de performance économique qui échappe à de nombreux facteurs de distorsions :
- Il est presque indépendant de la politique financière de l'entreprise puisqu'il est calculé avant prise en compte des charges et des produits financiers ;
- Il est indépendant de sa politique d'amortissement, car il ne tient pas compte des dotations aux amortissements, mais les dotations aux amortissements ne tiennent pas compte, elles-mêmes, de l'amortissement complet, dès la première année du petit matériel et de l'outillage de faible valeur n'excédant pas un coût unitaire de 250 € hors taxe ; pour une entreprise modeste, une telle politique peut avoir une influence notable sur l'excédent d'exploitation ;
- Il est aussi relativement indépendant de la politique fiscale de l'entreprise puisqu'il est calculé avant imposition des bénéfices, bien que l'on puisse regretter les différences de traitement des impôts dans cet excédent brut.
Il est obtenu en ajoutant à la valeur ajoutée produite les subventions d'exploitation octroyées, qui sont souvent des incitations fiscales déguisées et en retranchant les impôts, taxes et versements assimilés et les charges de personnel. Il constitue l'estimation comptable de l'excédent de trésorerie d'exploitation : il ne fait intervenir que des charges et des produits décaissés, c'est donc avant tout un solde de flux de liquidités qui décrit le surplus de trésorerie d'exploitation engendré par les opérations courantes, au décalage de temps près. On peut également reprocher à l'EBE de ne pas tenir compte de la participation des salariés qui est un supplément de rémunération du personnel. On pourrait également mentionner le problème de l'imputation des titres de restaurant, avant leur distribution au personnel. On peut dire que l’EBE est à la fois la première mesure du profit de l'entreprise considérant les fonctions de production et de commercialisation : il doit être d'autant plus élevé que l'entreprise est située dans un secteur où les équipements sont importants, la ressource essentielle de l'entreprise car il exprime la capacité de celle-ci à gérer ses disponibilités en trésorerie, la partie principale de la capacité d'autofinancement. Dans les entreprises de taille modeste qui ont un portefeuille de produits relativement restreint et des activités peu diversifiées, c'est le descripteur de capacité économique le plus important.

1.1.2 - Les soldes descriptifs de résultat

Le résultat d'exploitation avant charges et produits financiers : ce solde est obtenu à partir de l'excédent brut d'exploitation auquel on retranche les dotations aux amortissements et provisions de l'exercice et certaines charges de gestion courante telles que les redevances sur brevets et licences, les jetons de présence, les pertes sur créances irrécouvrables et les droits d'auteurs et auquel on impute les autres produits de gestion courantes exactement réciproques des charges que nous venons d'énoncer, les reprises d'amortissements et provisions et les transferts de charges d'exploitation. Le résultat d'exploitation est un excellent indicateur de gestion qui indique le résultat retiré de l'activité courante de la société, abstraction faite de son mode de financement. Le résultat d'exploitation est légèrement biaisé par la politique d'investissement de la firme : il n'est pas indifférent qu'elle pratique des amortissements normaux ou qu'elle utilise au maximum les ressources fiscales de l'amortissement dégressif ou de l'amortissement exceptionnel.
Le résultat courant avant impôt : dans ce solde, conformément aux indications de la 4e Directive des Communautés européennes, on ne distingue pas, dans les charges financières, les éléments courants des éléments exceptionnels : on raisonne sur des éléments permanents : il y a dans ce sens une évolution très nette de la doctrine en matière de résultat d'exploitation et la notion même d'exploitation est en train d'évoluer : un élément devient exceptionnel par sa nature et non plus par sa fréquence. Tous les éléments financiers (charges, dotations, produits, reprises de dotations, transferts de charges) se retrouvent dans ce solde complété par les quotes-parts sur opérations faites en commun dans le cadre de sociétés en participation.
Le résultat exceptionnel : il n'est pas obtenu en cascade mais de manière indépendante. Il a une utilité indirecte : c'est un poste où on a regroupé les opérations qui auraient biaisé le résultat courant. Il donne une indication du poids relatif des éléments exceptionnels dans le résultat final. La définition des opérations exceptionnelles a évolué ; actuellement on considère que les charges et les produits sur exercices antérieurs ne sont plus des éléments exceptionnels de gestion mais sont des éléments normaux, simplement différés. Le résultat exceptionnel est un solde obtenu avant impôt et dans aucun solde on n'a de ventilation entre l'imposition des résultats courants et l'imposition des résultats exceptionnels ce qui constituerait parfois un point intéressant de diagnostic, de même qu’il faut spécialement calculer les plus et moins values, les valeurs comptables des actifs cédés et les produits de cession étant enregistrés séparément.
Le résultat net comptable de l'exercice est l'ultime solde, directement donné par la comptabilité. Obtenu par addition du résultat courant avant impôt et du résultat exceptionnel d'où on retranche éventuellement la participation des salariés aux fruits de l'expansion, l'impôt sur les bénéfices et l'imposition forfaitaire annuelle sur les sociétés et où on ajoute le report en arrière des déficits, c'est un simple surplus qui cumule tous les défauts des autres soldes qui ne peut pas vraiment être un solde significatif pour l'analyse de la gestion car il est fortement biaisé par des considérations fiscales. Cette remarque ne concerne d'ailleurs pas seulement le résultat net, mais vaut pour tous les soldes intermédiaires étudiés précédemment.

1.1.3 - Le solde descriptif de la capacité d'autofinancement
La capacité d'autofinancement était la nouveauté la plus remarquée du plan comptable général version 1982 reprise en 1999, même si c'est une notion ambiguë sur plusieurs plans : Ambiguïté syntaxique de la capacité d'autofinancement : il ne faut pas confondre la définition de la notion avec ses méthodes de calcul, plus ou moins arbitraires. La capacité d'autofinancement se distingue du résultat car elle tient compte des charges décaissées et non pas des charges calculées. On peut calculer la capacité à partir de l'excédent brut d'exploitation ou la reconstituer à partir du résultat de l'exercice. C'est la première méthode qui est détaillée dans le plan comptable général. De ce premier mode de calcul, on peut conclure que la capacité d'autofinancement est le reliquat de l'excédent brut d'exploitation une fois qu'on a effectivement décaissé les charges réelles, et non calculées, de l'exercice et qu'on a effectivement encaissé les produits réels, et non calculés, de l'exercice. Ce calcul est un calcul soustractif à partir de l'EBE De cette méthode et de l'absence de définition officielle résulte une autre ambiguïté : en effet une capacité d'autofinancement n'est que potentielle et il s'agit plus de charges et de produits décaissables que décaissés et la différence entre ces deux termes peut mettre en évidence une capacité d'autofinancement calculée selon les normes de signe positif alors qu'elle est réellement négative, c'est-à-dire insuffisante. Il vaudrait mieux parler de capacité de financement potentielle ou théorique. On peut remplacer le calcul ci-dessus par un calcul ascendant ou additif à partir du résultat de l'exercice : il faut alors rajouter au compte résultat les charges nettes calculées et retrancher les produits calculés ou les reprises de charges calculées.
Elaborée ainsi, la capacité d'autofinancement est un cash-flow d’exploitation ou une marge brute d’autofinancement. Le second mode de calcul vient renforcer l'ambiguïté de la notion : de reliquat, elle devient agrégat : dans la première méthode c'est ce qui reste quand on  a tout payé et dans la seconde c'est ce qu'on a réussi à accumuler grâce aux usages consacrés.
Ambiguïté sémantique de la capacité d'autofinancement : L'ambiguïté sémantique est d'abord induite par l'ambiguïté syntaxique. L'approche de la capacité par l'excédent brut d'exploitation est une approche typiquement macro-économique qui découle directement de l'analyse de la valeur ajoutée et qui est plus utile au comptable national qu'au comptable privé. L'approche par le résultat est une approche typiquement micro-économique : largement utilisée par les décideurs privés, familiers du raisonnement en termes de cash-flow ou de cashflow actualisé. La première méthode nous paraît centrée sur le passé, le constat, alors que la seconde nous semble mieux adaptée à la prévision : l'intérêt majeur du cash-flow réside dans la possibilité de l'investir ou de le réinvestir. L'ambiguïté sémantique de la capacité d'autofinancement vient du fait qu'elle ressemble à un cash-flow, mais la traiter comme telle peut entraîner des erreurs d'interprétation.
Contrairement à d'autres domaines étudiés par le plan comptable général, la capacité d'autofinancement obtenue est globale et on n'y distingue pas les éléments d'exploitation des éléments exceptionnels.
Or dans la mesure où c'est, entre autre, sur la capacité d'autofinancement qu'on se fondera pour programmer la croissance de l'entreprise, il sera bon de distinguer les éléments permanents de cette croissance (représentés par les données d'exploitation) des éléments transitoires (représentés par les résultats exceptionnels). Dans une optique stratégique, on peut penser que seuls les éléments permanents entreront dans le calcul économique alors que les éléments transitoires, même s'ils apportent ponctuellement un supplément de flexibilité, n'auront que des effets modestes sur les décisions à long terme.
L'interprétation sans ambiguïté de la capacité d'autofinancement rend souhaitable, lorsque c'est possible, la division entre capacité courante et capacité exceptionnelle avec une répartition entre les dotations aux amortissements courants et exceptionnels et entre les impôts sur les bénéfices courants et exceptionnels qui sont souvent d'un taux différent. L’ambiguïté est aussi due à sa facilité de manipulation par des professionnels avertis. On n’a pas attendu Terry Smith1 pour savoir faire preuve de pessimisme comptable, lorsqu'il est nécessaire de diminuer un résultat net comptable générateur d'impôts et au contraire d'optimisme comptable lorsqu'il faut habiller un bilan qui montre trop ses carences : la capacité d'autofinancement victime de ces habitudes a tendance à augmenter sous le poids du pessimisme et à diminuer sous le poids de l'optimisme. Nous avions donné ailleurs l'exemple d'une entreprise qui cumulait plusieurs erreurs de gestion : spéculation sur un produit à cours mondial, achat imprudent de titres surcotés, mauvaise diversification du portefeuille de clients, mauvaise répartition des  risques et dont par le jeu de provisions de toutes sortes, la capacité d'autofinancement augmentait. Il est dangereux, lorsqu'on fait un diagnostic de méconnaître ces ambiguïtés, puisque à une amélioration littérale de la capacité de financement correspond, paradoxalement, une détérioration de la situation financière de l'entreprise.
Comme nous l'avons montré, les soldes de gestion et la capacité d'autofinancement ne sont pas des instruments de mesure parfaits, mais ils permettent de nuancer l'étude de la rentabilité commerciale, de la rentabilité économique et de la rentabilité financière et c’est un élément important de leur utilité.








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire