QUE SONT LES DÉPENSES
FISCALES ?
1.1 Utilisation du régime fiscal pour atteindre certains objectifs
La fonction
principale du régime fiscal est de générer un niveau de revenus suffisant afin
de permettre le financement des dépenses du gouvernement, telles les dépenses
des services de santé, d'éducation, d'aide sociale, ainsi que toutes les autres
dépenses budgétaires. les impôts et les taxes constituent la principale source
de financement du gouvernement.
Les dépenses
fiscales agissent par l’intermédiaire du régime fiscal. Elles sont un des
mécanismes dont dispose le gouvernement pour offrir des avantages aux
particuliers et aux entreprises afin d’atteindre certains objectifs
stratégiques sur le plan économique, social ou autre. La grande variété de
dépenses fiscales souligne leur flexibilité et suggère une large gamme de
champs d’application, de même qu’une grande diversité d’impacts économiques et
fiscaux.
1.2 Définition des
dépenses fiscales
Les dépenses
fiscales réfèrent généralement à des mesures qui ont pour effet de réduire ou
de différer les impôts et les taxes payables par les contribuables. Elles
peuvent prendre plusieurs formes, notamment celles de revenus non assujettis à
l'impôt, de déductions dans le calcul du revenu, de crédits d'impôt, de reports
d'impôt ou d’exemptions de taxe. En d'autres mots, les dépenses fiscales
constituent des exceptions par rapport à ce qui peut être considéré comme le
régime fiscal de base. Les dépenses fiscales visent à influencer certains
comportements ou activités, ainsi qu'à aider certains groupes de contribuables
qui se retrouvent dans une situation particulière. Entre autres, le
gouvernement utilise les dépenses fiscales pour soutenir le développement
économique, encourager l'épargne en vue de la retraite, stimuler la R-D ou
favoriser les dons de bienfaisance. Le concept de dépense fiscale fait donc
référence à des choix de politique fiscale du gouvernement par lesquels il
accepte volontairement de se priver d'une partie de ses revenus fiscaux pour
atteindre ses objectifs. Pour cette raison, il ne faut pas confondre les
dépenses fiscales avec les moyens qu’utilisent certains contribuables pour se
soustraire à l’impôt, par exemple, en ayant recours à l’évitement fiscal ou à
la fraude fiscale.
– Fonctionnement
des dépenses fiscales
Les dépenses
fiscales font partie intégrante des diverses lois fiscales. Elles interviennent
soit au niveau de la structure de taux, en accordant par exemple des taux
préférentiels à l'égard de certains types d'activités, soit au niveau de
l'assiette fiscale de base, par exemple en accordant certaines déductions.
1.2.1
Le régime fiscal de base
.
Les dépenses
fiscales constituent donc des exceptions par rapport à une norme ou référence
que l’on définit comme le régime fiscal de base. Toute mesure fiscale visant à
conférer un allégement fiscal qui s'écarte de ce régime de base constitue une
dépense fiscale. Ainsi, pour établir les dépenses fiscales, il faut tout
d'abord définir en quoi consiste le régime fiscal de base.
Détermination
du régime fiscal de base
Le régime fiscal de
base peut être défini comme l'ensemble des caractéristiques structurelles sur lesquelles
est fondé le régime fiscal, avant l'application de toute mesure préférentielle.
– Le régime fiscal
de base regroupe donc les éléments les plus fondamentaux du régime fiscal, entre
autres, l'assiette fiscale globale, la structure de taux, les contribuables
visés (l'unité d'imposition) ainsi que la période d'imposition retenue. Ces
éléments font généralement partie du régime fiscal de base et, par conséquent,
ne sont pas considérés comme des dépenses fiscales.
– Les mesures
préférentielles sont les mesures fiscales qui sont destinées, selon les
objectifs spécifiques que le gouvernement veut atteindre, à conférer des
allégements fiscaux afin de supporter
certains groupes de contribuables ou d’encourager certaines activités jugées souhaitables
par le gouvernement. Ces mesures sont considérées comme des dépenses fiscales. Généralement,
pour la plupart des mesures fiscales, la définition du régime fiscal de base ne
pose aucune difficulté particulière de classification, de sorte qu'un consensus
peut être établi sur la majorité des éléments qui le constituent.
Dans certains cas,
les mesures fiscales peuvent toutefois s'interpréter de diverses façons et,
selon les perceptions, les avis peuvent diverger quant aux éléments à y
inclure. Aussi, l'exercice comporte en partie un caractère subjectif et des
choix doivent alors être faits4.
Ainsi, certains
pourraient choisir de définir un régime fiscal de base très restrictif afin
d'avoir la définition la plus large possible des dépenses fiscales. Dans cette
situation, même des mesures qui servent à respecter les caractéristiques les
plus fondamentales sur lesquelles repose le régime fiscal pourraient être considérées
comme des dépenses fiscales. À l'extrême, il pourrait être décidé, par exemple,
de considérer le crédit d'impôt de base destiné à reconnaître les besoins
essentiels d'un contribuable comme une dépense fiscale plutôt que comme un élément
du régime fiscal de base.
De même, le
traitement à accorder au crédit d'impôt pour les frais de garde d'enfants est
un exemple où les opinions peuvent diverger. Certains pourraient considérer que
les dépenses de garde d’enfants sont engagées pour gagner un revenu. D'autres
pourraient plutôt prétendre qu'elles constituent des dépenses de consommation
et que l'aide fiscale accordée constitue un avantage particulier qui vise à en
réduire le coût pour les familles. Ainsi, dans le premier cas, le crédit d'impôt
serait considéré comme un élément du régime fiscal de base et, dans le second cas, comme une dépense
fiscale.
1.2.2 Les types de dépenses fiscales
– Impôts sur le
revenu des particuliers et des sociétés
En matière d'impôt
sur le revenu, les dépenses fiscales peuvent être regroupées en quatre ou cinq
grandes catégories :
· Exclusions
et exonérations
Il s’agit de
revenus qui ne sont pas assujettis à l'impôt ou le sont partiellement (exemples
: le supplément de revenu garanti, les indemnités de grève ou les gains
réalisés lors de l'aliénation d'une résidence principale), ou de personnes
(particuliers ou entreprises) qui sont exonérées (exemples : organismes à but
non lucratif et syndicats).
Déductions
Ce sont des
éléments qui viennent réduire les revenus assujettis à l'impôt. Par exemple, on
peut mentionner les déductions qui concernent les cotisations à un régime
enregistré d'épargne-retraite, les dépenses effectuées pour gagner des revenus
de placements et les pertes admissibles au titre d'un placement dans une
entreprise.
La valeur de la
dépense fiscale attribuable aux exclusions, aux exonérations et aux déductions
dépend du taux marginal d'imposition du contribuable. Ainsi, plus le taux
marginal d'imposition du contribuable est élevé, plus la valeur de la dépense
fiscale associée à l’exclusion, à l’exonération ou à la déduction est grande.
Occasionnellement,
il se peut que le revenu imposable d'un contribuable ne soit pas suffisamment
élevé pour que ce dernier puisse profiter pleinement d'une déduction à laquelle
il a droit. Dans de tels cas, la déduction ne sera que partiellement utilisée
par le contribuable et la valeur de la dépense fiscale pour le gouvernement en sera diminuée d'autant.
· Taux
réduits d'imposition
Le régime fiscal
accorde, dans certains cas, des taux d’impôt inférieurs au taux généralement
applicable.
La valeur de cette
forme de dépense fiscale ne dépend pas du taux marginal d'imposition mais simplement
du fait que le contribuable puisse ou non bénéficier de taux réduits
d'imposition.
· Reports
d'impôt
Les reports d’impôt
sont des montants qui n'entrent pas dans le calcul du revenu de l’année, mais
dans celui d’une année future. L’imposition des gains en capital à leur réalisation
et l’amortissement fiscal accéléré en sont des exemples.
La valeur de la
dépense fiscale associée aux reports d'impôt, comme pour les déductions, dépend
du taux marginal d'imposition du contribuable au moment où les éléments faisant
l'objet d'un report d'impôt sont utilisés.
– Autres impôts
des sociétés
En ce qui concerne
les autres formes de taxation auxquelles sont assujetties les sociétés, soit la
taxe sur le capital et la cotisation des employeurs au Fonds des services de
santé (FSS), les dépenses fiscales se traduisent principalement par des
exonérations ou déductions pour certains types de sociétés ou d'activités.
– Taxes à la
consommation
En regard des taxes
à la consommation, les dépenses fiscales se traduisent principalement par des exemptions
pour certains biens et services et, dans certains autres cas, par des
remboursements de la taxe payée. Par exemple, le régime de la TVQ comporte un
certain nombre d'exemptions spécifiques et peut également accorder un
remboursement partiel de la TVQ à certains organismes, tels que les organismes
de bienfaisance, les universités et les hôpitaux.
1.3.1
Les objectifs d’un régime fiscal
Le premier objectif
d’un régime fiscal est de prélever des revenus suffisants et stables afin de
financer les dépenses publiques. Par ailleurs, dans l’élaboration de la
politique fiscale, plusieurs autres objectifs peuvent également être
considérés.
Ces autres
objectifs peuvent se diviser en deux catégories : les objectifs généraux, soit
les critères usuels considérés dans tout régime fiscal, et les objectifs
spécifiques qui prennent en considération certains choix et préférences d’une
société.
– Les objectifs
généraux
Les objectifs
généraux sont :
– l’équité
verticale qui suppose qu’un contribuable ayant une capacité de payer plus
élevée qu’un autre peut être plus imposé;
– l’équité
horizontale qui signifie que le régime fiscal doit imposer de façon identique
les contribuables ou familles ayant les mêmes caractéristiques;
– la neutralité,
c’est-à-dire que le régime fiscal devrait taxer de manière neutre ou identique
les activités des agents économiques, afin d’éviter le plus possible de
modifier leur comportement;
– la simplicité, afin que le régime
soit facile à comprendre, à observer et à administrer.
– Les objectifs spécifiques
Ça dépend des
gouvernements et leurs politiques
RF= RC-D+R
merci pour cet article qui m'a aidé à comprendre ce que sont les dépenses fiscales. Et, à la lumière de vos explications lumineuses, je pense que l'expression "dépenses fiscales" devrait être modifié en "largesses fiscales" ou "privilèges fiscaux".
RépondreSupprimerCommentaire de Mamadou Niang ce 08 juillet 2016