CONVERGENCES DIVERGENCES ENTRE LE
SYSTÈME COMPTABLE OHADA ET LES NORMES IAS/IFRS (3 eme partie)
C- Au niveau des
immobilisations 1- Au
niveau des immobilisations corporelles Les dispositions des normes IAS/IFRS définissent l'immobilisation
corporelle comme étant un actif corporel contrôlé par l'entreprise qui peut
être utilisé dans la production de biens ou de services, utilisé à des fins
administratives, ou loué à des tiers. Selon les dispositions du SYSCOHADA, les immobilisations corporelles sont
les biens matériels relevant de la catégorie des immobilisations, il y a ceux
acquis en pleine propriété, en nues-propriétés, en usufruit et en crédit bail.
Les immobilisations corporelles comprennent selon le SYSCOA le terrain, les
bâtiments, les installations et agencements, le matériel et enfin le matériel
de transport. La différence majeure ici réside au niveau : de la comptabilisation,
du coût d’entrée et de l'amortissement des immobilisations. a)- Comptabilisation d’une
immobilisation corporelle Selon les dispositions de la norme IAS 16, les immobilisations corporelles
sont inscrites à l'actif si deux conditions sont réunies :-L’actif est identifiable et ses Avantages économiques futurs
probables ;-Fiabilité suffisante pour l'évaluation du coût ou de la valeur. Les principes de l'OHADA ne fournissent aucune condition stricte de comptabilisation. b)- Coût d’entrée d’une immobilisation
corporelle Nous analyserons le coût d'entrée selon les différents cas suivants :- L’immobilisation a
été acquise à titre onéreux ;- L’immobilisation a
été produite par l’entreprise elle-même ;- L’immobilisation a
été acquise par voie d’échange ;- L’immobilisation a
été acquise à titre gratuit ;- L’immobilisation a
été reçue à titre d’apports en nature. b)-1 Immobilisation acquise à titre
onéreux Selon les dispositions des deux référentiels comptables, «le bien acquis à
titre onéreux est comptabilisé à son coût réel d'acquisition. Ce coût réel
d'acquisition est déterminé par l'addition des éléments suivants :-le prix d'achat définitif[3] après déduction des taxes récupérables[4],-les frais accessoires, externes et internes, après déduction des taxes
récupérables :§
les frais accessoires externes sont les charges qui
sont directement liées à l’acquisition et à la mise en état d’utilisation du
bien dans la mesure où elles ont accru sa valeur vénale. Il s’agit notamment
des frais de transport, des droits de douanes, des frais d’installation et de
montage, des taxes non récupérables, des frais de préparation du site, des
commissions et honoraires (d’architecture, d’ingénierie, etc.) ;
§
les frais accessoires internes sont les charges
internes directement liées à l’achat. Il s’agit des coûts de réception, de
manutention et de mise en stock (mais non de stockage).
Il est important de préciser que selon les dispositions du SYSCOHADA, le
coût d’acquisition d’un terrain inclut les frais destinés à rendre le terrain
libre et nu. Ces frais peuvent être les frais de démolition de l’immeuble qui y
était construit, de l’indemnité d’éviction payé en vue de rendre le terrain
libre. Toutefois, il existe une divergence entre les deux législations concernant
l’intégration de certaines charges accessoires dans le coût d’acquisition. Selon les dispositions du SYSCOHADA, les droits de mutations, les
honoraires et les commissions des notaires, les frais d’acte, etc., ne doivent
pas contribuer à la valeur comptable desimmobilisations
corporelles. Ces frais sont enregistrés dans les comptes de charges par nature mais peuvent
être transférés en charges immobilisées. Tandis que la norme IAS 16 n’exclut aucune dépense pouvant être considérée comme « frais directs engagés pour amener l’immobilisation à l’endroit où elle se
trouve et la mettre en état de marche pour l’usage auquel elle est destinée ».
La raison du refus par le SYSCOHADA d’intégrer lesdits frais dans le coût
d’acquisition desimmobilisations corporelles est que ces
frais sont considérés comme étant « non représentatifs d’une valeur vénale ».
Quant à la norme IAS 16, elle prévoit, avec une logique
financière (de trésorerie) que toute dépense directement affectée à
l’acquisition de l’immobilisation fait partie de sa valeur d’entrée au bilan.
Le traitement des autres frais accessoires fait état d’accord entre les
deux référentiels. Ainsi, ils sont incorporables au coût d’acquisition, selon
les deux référentiels, les frais d’installation nécessaires pour mettre le bien
en état d’utilisation, à l’exclusion des coûts de démarrage (frais d’essais et
de mise au point) qui sont à classer parmi les charges de l’exercice qui leur a
donné naissance. b)- 2 Immobilisation produite par
l’entreprise pour elle-même Selon les deux référentiels comptables « le bien produit par l'entreprise
est comptabilisé à son coût de production. Ce coût de production est déterminé
par l'addition des éléments suivants :-le coût d'acquisition des matières et fournitures consommées ;-les charges directes de production qu’elles soient externes (services
extérieurs) ou internes (salaires, amortissements, etc.);-les charges indirectes de production dans la mesure où elles peuvent être
raisonnablement rattachées à la production du bien » Les deux référentiels comptables n’admettent, que sur des conditions
spéciales, l’inclusion dans le coût d’une immobilisation produite par
l’entreprise pour elle-même des :§
frais de démarrage ;
§
dépenses de pré-exploitation.
Ces conditions spéciales peuvent être soit le caractère direct de ces
frais, soit les spécificités de l’activité de l’entreprise. Selon les dispositions des deux référentiels comptables, le coût d’une
construction produite par l’entreprise pour elle-même prend en compte : les
honoraires des architectes et les honoraires versés aux surveillants des
travaux (bureaux d’études). Selon les dispositions des deux référentiels comptables, le coût de
production des biens produits ou réalisés par l’entreprise pour elle-même
comprend : les agios sur découverts ou les intérêts sur emprunts
contractés pour le financement de leur fabrication, à la double condition que
cela soit justifié par des circonstances spécifiques de l’exploitation et qu’il
s’agisse du seul montant des intérêts se rapportant à la période de
fabrication. Le coût de production peut inclure aussi les pertes, rebus et
déchets qui sont inévitables et normaux. b)-3 Immobilisation acquise par voie
d'échange Selon les dispositions du SYSCOHADA, lorsqu’une immobilisation est acquise
par échange, pour tout ou partie, avec un autre actif, elle doit être
comptabilisée à sa valeur actuelle ou à la valeur nette comptable de l’actif
échangé, compte tenu de tout règlement ou encaissement supplémentaire ou autre
contre partie (soulte). A cette fin, la valeur peut être déterminée par
référence soit à l’actif donné en échange, soit à l’actif acquis, suivant
l’estimation la plus sûre des deux valeurs. L’expression « estimation la plus sûre » revient à
retenir la valeur de celui des deux actifs qui présente la plus grande
objectivité (par référence à un marché par exemple).
Selon les dispositions de la norme l’IAS 16, l’évaluation du coût
d’entrée des immobilisations acquises par voie d’échange s’effectue comme suit:
- une immobilisation
corporelle, acquise par échange contre un bien de nature et/ou de valeur
différente, est entrée en patrimoine à la valeur vénale du bien acquis ;- une immobilisation
corporelle acquise par échange contre un bien semblable servant à des fins
analogues dans la même tranche d’activité et ayant une valeur actuelle
semblable, est évaluée à la valeur comptable du bien donné en échange (ajusté
le cas échéant pour tenir compte des spécificités du contrat d’échange). La divergence qui existe entre les deux référentiels sur ce point réside
dans le fait que le cadre conceptuel du SYSCOHADA considère l’échange des
immobilisations comme une opération de cession suivie d’une acquisition. Tandis
que les dispositions de la norme IAS 16 n’admettent cette
solution que lorsque les immobilisations échangées sont dissemblables. La
raison de cette différence découle du fait que lorsque les immobilisations à
échanger sont semblables, la plus value qu’une entreprise pourrait dégager de
l’opération d’échange en utilisant la méthode de « valeur actuelle », pourra
être assimilée à une réévaluation partielle ce qui n’est pas admis par le cadre
conceptuel de l’IASB.
b)- 4 Immobilisation acquise à titre
gratuit Selon les dispositions du SYSCOHADA, lorsqu’une immobilisation est acquise
à titre gratuit, elle doit être comptabilisée à sa valeur actuelle au jour du
transfert de propriété. Selon les dispositions de la norme IAS 16, lorsqu’une immobilisation est
acquise à titre gratuit, elle doit être comptabilisée à sa valeur vénale. b)- 5 Immobilisation acquise à titre
d'apport en nature Selon les dispositions du SYSCOHADA, lorsqu’une immobilisation est acquise
à titre d’apport en nature, elle doit être comptabilisée à sa valeur figurant
dans l’acte d’apport. Selon les dispositions de la norme IAS 16, lorsqu’une immobilisation est
acquise à titre d’apport en nature, elle doit être comptabilisée à sa valeur
vénale. c)- Amortissement d’une immobilisation
corporelle Selon le cadre conceptuel de l'IASB l'amortissement est la répartition
systématique du montant amortissable d'un actif sur sa durée d'utilité. Il
préconise le délaissement du principe de coût historique au profit de la notion
de juste valeur qui n'est rien d'autre que le montant pour lequel l'actif
pourrait être échangé entre des parties bien informées, consentantes et
agissant dans des conditions de concurrence normale. Ce prix est donné par le
prix actuel sur un marché actif pour des biens similaires. Il reconnaît
différents modes d'évaluation de l'amortissement : l'amortissement
linéaire, l'amortissement dégressif (amortissement accéléré à doublement de
taux, amortissement dégressif à taux décroissant appliqué à la valeur
constante), amortissement en fonction du nombre d'unité de production. Les dispositions du SYSCOA par contre reconnaissent seulement deux modes
d'amortissement : l’amortissement linéaire et l'amortissement dégressif.Une innovation du cadre conceptuel de l'IASB est l'amortissement par
composant. Si dans un actif corporel chaque partie ou chaque composant de
l'actif a une durée de vie différente alors cet actif est amorti sur la base de
chaque composant le constituant. Dès l'acquisition de l'immobilisation,
l'entreprise doit différencier chaque composant significatif destiné a être
remplacé au terme d'une durée différente de la durée d'utilisation du bien dans
sa globalité. Pour ce faire, les composants du bien doivent être inscrits distinctement à
l'actif et amortis sur leur propre durée d'utilité, dès l'inscription à l'actif
du bien. Néanmoins, un composant qui n'a pas été identifié à l'origine peut
l'être ultérieurement. La durée d'amortissement correspond à la durée d'utilité, à savoir ce que
l'entreprise attend comme durée d'utilisation du bien. L'entreprise doit tenir
compte de la valeur résiduelle du bien à la fin de la durée d'utilisation
supposée. Les dispositions du Système Comptable OHADA consistent à répartir le coût
du bien sur la durée probable d'utilisation selon un plan d’amortissement
prédéfini. Le principe d'amortissement par composant n'existe pas au niveau de
l'OHADA. La durée d'utilisation peut se révéler inférieure a la durée d'usage
généralement admise par l'industrie à laquelle l'entité appartiendrait. 2- Au
niveau des immobilisations incorporelles Les dispositions du SYSCOHADA définissent les immobilisations incorporelles
comme étant des immobilisations immatérielles devant servir de façon durable à
l’activité de l’entreprise et susceptibles de générer des avantages futurs. Les
coûts d’entrée se déterminent de manière semblable aux coûts d’entrée des
immobilisations corporelles. Par contre le cadre conceptuel de l'IASB définit les immobilisations
incorporelles comme des dépenses relatives à l'acquisition, au développement,
au maintien ou à l'amélioration de ressources incorporelles telles que des
connaissances scientifiques ou techniques, la conception et la mise en place de
nouveaux procédés ou systèmes, licences, propriété intellectuelle, connaissance
du marché et marques commerciales (y compris les noms de marque et les titres
de publication). Selon les dispositions de la norme IAS 38, les immobilisations
incorporelles sont inscrites à l'actif s’il satisfait à l’un des critères
suivant :-L’actif est identifiable et séparable, c'est-à-dire qu’il peut être séparé
de l’entité et être vendu, transféré, concédé par licence, loué ou échangé,
soit de façon individuelle, soit dans le cadre d'un contrat, avec un actif ou
un passif liés;- L’actif est identifiable et résulte de droits contractuels ou d'autres
droits légaux, que ces droits soient ou non cessibles ou séparables de l'entité
ou d'autres droits et obligations. L’expression « identifiable » permet de distinguer
l’immobilisation incorporelle du goodwill. Le goodwill acquis lors d'un regroupement d'entreprises représente un
paiement effectué par l'acquéreur en prévision d'avantages économiques futurs
générés par des actifs qui ne peuvent être identifiés individuellement et
comptabilisés séparément. Les avantages économiques futurs peuvent résulter
d'une synergie entre les actifs identifiables acquis ou provenant d'actifs, qui
pris individuellement, ne satisfont pas aux critères de comptabilisation dans
les états financiers mais pour lesquels l'acquéreur est disposé à effectuer un
paiement dans le cadre du regroupement d'entreprises. Le cadre conceptuel de l’IASB n’enregistre pas les frais de recherche dans
les immobilisations incorporelles. Mais si ces recherches aboutissent à la mise
en place du projet, les frais de développement sont admis en immobilisations
incorporelles. Le cadre conceptuel du SYSCOHADA ne fait pas de distinction entre les frais
de recherche et les frais de développement. Ces dépenses sont enregistrés dans
une seule rubrique « Frais de recherche et de développement ». [1] Le coût historique est le prix payé au moment de l’acquisition. Ce prix
constitue la valeur d’entrée. [2] Une provision est une diminution de valeur affectant un élément d'actif
susceptible de se déprécier. C’est une perte qu'occasionnerait une augmentation
d'éléments du passif exigible à plus ou moins long terme, à condition que la
dépréciation, la perte, ou la charge envisagée au regard d'événements survenus
ou en cours soit, à la date d'établissement de la situation, précise quant à sa
nature, incertaine quant à sa réalisation effective. [3] Le prix d’achat définitif est le prix mentionné sur la facture
déduction faite de toutes remises, rabais et ristournes commerciales. [4] Les taxes non récupérables font partie de la valeur du bien.
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