Les théories de la valeur (première partie)
La théorie
de la valeur est une des pierres angulaires de la pensée économique, une ligne
de partage fondamentale de chaque côté de laquelle se sont rangés les
différents courants. De toutes les notions autour desquelles se sont affrontés
les économistes, elle est sans doute la plus sensible, car la plus directement
liée à des intérêts sociaux ; c'est celle qui permet le mieux de comprendre à
quel point l'économie est « politique », et en quoi des prises de
positions apparemment purement théoriques, ou scientifiques, sont également des
armes destinées à justifier, ou à dénoncer, une certaine organisation sociale.
On peut dire
que la question de la valeur est à la fois très simple et extraordinairement
compliquée. Très simple, parce que les choix faits par les uns et les autres
face à cette question se traduisent de manière limpide dans leur options
sociales et politiques ; nous verrons de quelle manière un peu plus loin.
Extraordinairement compliquée, parce que cette question a soulevé des
polémiques d'autant plus riches qu'elle était lourde d'implications, et que de
part et d'autre, les arguments ont connu des raffinements sans cesse
croissants.
Je ne
rentrerai ici que très peu dans ces raffinements, qui pour être compris,
mériteraient qu'on y consacre des livres entiers. En revanche, je voudrais
éclairer au mieux les principales oppositions en matière de théorie de la
valeur et leurs implications.
1.
Qu’est-ce que la valeur ?
Pour
comprendre de quoi il est question, la première difficulté à surmonter est de
comprendre que la « valeur » dont parlent les économistes n'est pas, ou pas
complètement, celle du langage courant. Prenons un exemple. Un de nos amis a
acheté une voiture d'occasion, une Clio un peu boiteuse, qu'il a payée 30 000
€. Tout fier de son acquisition, il nous la présente. Ce sur quoi nous lui
jetons un œil compatissant en lui disant qu'à 30 000 €, il s'est fait
proprement posséder, car une Clio dans cet état, cela vaut beaucoup
moins que cela.
En faisant
cette remarque, nous émettons l'idée que le prix auquel notre ami a acheté sa
voiture ne correspond pas à la valeur de cette voiture. Il existe donc
deux choses bien distinctes : le prix, c'est-à-dire la somme d'argent que untel
a déboursé en telle circonstance pour acheter l'objet. Et la valeur,
c'est-à-dire... autre chose.
Nous
émettons aussi l'idée que notre ami s'est fait voler : il y a eu un transfert
de sa poche vers celle du vendeur. Mais ce transfert possède une forme bien
particulière. Notre ami ne s'est pas fait dépouiller d'un bien matériel : le
seul bien matériel qui ait circulé dans l'affaire, c'est la Clio, et c'est
justement lui qui l'a acquise. Ce transfert n'est pas non plus de l'argent, ou
du moins, ce n'est pas directement de l'argent ; l'argent que notre ami a donné
en échange de la Clio, il l'a donné volontairement, parce qu'il a estimé que
c'était là une somme qui correspondait à ce qu'on lui donnait en échange.
Surtout, sur les 30 000 euros, le vol ne concerne peut-être que 25 000 €, dans
la mesure où l'on estime que la valeur réelle de la Clio était de 5 000
€.
Quand je dis
que notre ami s'est fait voler parce que la Clio valait moins que le prix
auquel il l'a payé, je dis donc qu'il existe à côté des prix une chose appelée
valeur, et qui peut être différente de ce prix. Ainsi, il peut y avoir,
derrière une transaction libre, derrière un échange consentant d'un bien contre
de l'argent, le transfert de cette troisième substance un peu mystérieuse, la
fameuse valeur.
Dans notre
petit exemple un peu simpliste, ce que nous avons appelé la valeur de la Clio
est donc son prix normal, usuel. C'est un prix moyen, à la fois sur un
espace donné et sur une certaine période de temps. Tous les économistes savent
qu'on peut calculer de tels prix moyens. Mais ils se divisent radicalement sur
l'importance que la théorie doit leur donner.
- certains pensent pensent que ce prix moyen, cette valeur est un concept incontournable, qui doit être distingué du prix courant, ou prix de marché. Ces économistes pensent qu'on doit construire des raisonnements sur ces prix moyens, qui possèdent des propriétés très importantes : ce sont les prix d'équilibre (on reviendra dans un instant sur ce point, qui est également abordé sur cette page.
- ceux qui pensent que ce prix moyen n'a aucune signification économique particulière, et que la théorie économique ne doit raisonner que sur les prix de marché. Pour ces économistes, il n'existe pas de valeur distincte du prix : dans les conditions corectes de fonctionnement d'un marché, le prix ne peut pas être différent du prix d'équilibre. Il est forcément égal à la valeur.
Ces deux
positions correspondent aussi à deux déterminations différentes de la
valeur (et du prix). La première position est connue sous le nom de théorie de
la valeur-travail, la seconde sous le nom de théorie de la valeur utilité.
2.
La théorie de la valeur-travail
Une théorie
des frais de production
Pour avancer
d'un pas, allons chercher une comparaison du côté de la physique, et plus
précisément de la mécanique. Chacun sait que chaque corps possède un centre de
gravité. Celui-ci est un point qui, à vue d'oeil, ne se distingue en rien des
autres points du corps. L'observation extérieure, à elle seule, est incapable de
le localiser : seul le calcul fondé sur la connaissance physique permet de
déterminer son emplacement. Tout cela n'empêche pas le centre de gravité de
posséder des propriétés remarquables pour la théorie de la mécanique. Il permet
par exemple de comprendre quel sera le mouvement du corps dans des conditions
déterminées. Et inversement, on ne peut comprendre et prédire le mouvement d'un
corps qu'en connaissant son centre de gravité.
Par bien des
côtés, la « valeur » des économistes classiques possède des traits communs avec
le centre de gravité des physiciens. C'est un lieu (un prix) que l'observation
seule ne permet pas de déterminer. Par conséquent, on peut le qualifier
d'idéal, de théorique, ou d'imaginaire — chose que ses adversaires lui ont
naturellement beaucoup reproché — mais qui, comme le centre de gravité, est
censé être un point de référence indispensable pour comprendre un certain
nombre de phénomènes. Pour ne parler que des deux économistes qui le plus
contribué à élaborer la théorie de la valeur (D. Ricardo et K. Marx), celle-ci
est censée tout à la fois expliquer les oscillations des prix sur le moyen
terme, leurs niveaux de long terme (ce qui n'est pas la même chose) ; elle est
également censée fonder la théorie de la répartition entre salaires, profits et
rente, les mouvements des capitaux, et l'évolution à terme du taux de profit.
On le voit, pour ces économistes, la théorie de la valeur est aussi
essentielle, aussi fondamentale, que peut l'être celle de la gravitation pour
un physicien.
Pour comprendre
la démarche des économistes qui s'inscrivent dans cette tradition, on peut
partir d'une question triviale : pourquoi une baguette de pain se vend-elle
environ 75 centimes, alors qu'une voiture se vend environ 10 000 euros ?
Bien sûr, on peut toujours dire : « c'est l'offre et la demande ».
Mais l'offre et la demande expliquent pourquoi les prix montent, ou pourquoi
ils descendent. Elles expliquent les oscillations, les mouvements des prix sur
de courtes périodes. Mais sur le long terme, on peut supposer qu'en moyenne,
l'offre et la demande s'équilibrent. La question de savoir pourquoi certains
objets coûtent en moyenne plus cher que d'autres reste donc entière.
Mais si
l'offre et la demande ne peuvent expliquer que les variations des prix,
et pas leur niveau moyen, comment celui-ci est-il déterminé ? La réponse des
partisans de la valeur-travail consiste à commencer par dire qu'en moyenne, le
prix d'une marchandise doit couvrir ses frais de production (auxquels s'ajoute
le profit moyen, si l'on est dans une économie capitaliste). Un produit dont le
prix serait durablement inférieur aux frais de production ne serait tout
simplement plus fabriqué ; mais alors, la demande excèderait l'offre et son
prix grimperait. Inversement, un produit dont le prix dépasserait largement les
frais de production attirerait les capitaux en quête d'affaires juteuses ; et
la concurrence aura rapidement fait de ramener le prix à sa grandeur « normale
», son prix naturel, pour parler comme A. Smith ou D. Ricardo.
En disant cela,
on fait un premier pas, mais on se heurte encore à un problème : les frais de
production sont constitués de plusieurs postes de nature très diverses. Même en
les regroupant dans des grandes catégories, on en arrive à la terre, au capital
et au travail. Comment ces trois grands postes interviennent-ils dans les frais
de production, autrement dit dans la formation de la valeur ? Quel est le rôle
et l'apport de chacun ?
La réduction
de la production à un facteur unique
Les
économistes qui cherchaient dans cette direction, comme tous les
scientifiques : ont donc été confrontés au défi de tenter de ramener une
réalité compliquée à des lois simples ; autrement dit, de réduire ces
phénomènes de natures apparemment diverses à un petit nombre de principes explicatifs
(tout comme que la chute d'une pomme et la trajectoire de la Lune s'expliquent
par le phénomène unique de la gravitation.
Sans dresser
un historique complet des différentes réponses à cette question qui se sont
succédé (et affrontées) au cours du temps. On remarquera simplement que chez
les économistes du XVIIe siècle, c'est la terre qui jouait un rôle central. W.
Petty (1623-1687) voyait en elle le fondement de la création de la valeur :
bien conscient qu'il faut également du travail pour produire, il considèrait
que celui-ci n'était que de la terre sous une autre forme, et calculait combien
de terre il fallait pour nourrir un travailleur afin de tout ramener à une
quantité de terre. Pour un important courant de pensée du XVIIIe siècle, les
physiocrates, la terre était également vue comme la seule créatrice de
richesse, donc de la valeur : elle seule était capable d'engendrer une matière
supplémentaire, de faire apparaîre 20 grains de blés là où on n'en plante qu'un
seul. L'industrie, ne faisant que transformer de la matière, était donc
considérée, du point de vue de la création de valeur, comme stérile.
Ces choix
théoriques n'ont rien d'étonnant. Ils intervenaient à une époque où la
production d'un pays paraissait dépendre pour l'essentiel de la quantité et de
la fertilité de ses terres. La croissance apparaissait principalement, sinon
uniquement, comme une celle de la production agricole. Et il semblait
impossible de ne pas donner à la terre un rôle primordial, sinon hégémonique,
dans la création de valeur.
C'est avec
la révolution industrielle, qui commence dès la fin du XVIIIe siècle en
Angleterre, que les choses vont changer. En quelques décennies, la production
s'accrut de manière inouïe, par la généralisation de l'emploi de l'énergie, des
machines et des outils. Pour les théoriciens du capitalisme naissant que sont
A. Smith, puis surtout D. Ricardo, l'affaire est entendue : d'une part, la
terre ne joue en elle-même aucun rôle dans la création de la valeur. D'autre
part, cet accroissement de la richesse est entièrement due à l'action conjointe
du travail humain et du capital, c'est-à-dire des bâtiments, des machines, des
outils, etc. Mais — et c'est là un point central — ce capital étant lui-même (à
la différence de la terre) entièrement produit par le travail, la formule peut
en quelque sorte, comme en mathématiques, se simplifier : la source de toute
richesse est le travail, et uniquement le travail. Pour parler comme D.
Ricardo, toute marchandise est produite par la combinaison de travail direct (celui
des salariés) et de travail indirect (contenu dans les installations, machines,
etc.)
Le fait
d'écarter la terre des facteurs productifs de valeur peut paraître arbitraire
et mérite qu'on s'y arrête. Smith, ou Ricardo, n'étaient pas stupides au point
d'ignorer que la terre est indispensable à la production — même à la production
industrielle. D'ailleurs, c'est bien pour cette raison que les usines ou les
exploitations agricoles louent la terre, et consentent à payer une rente à son
propriétaire. Mais la terre, en tant qu'espace géographique, n'a pas été
produite par l'activité humaine : elle se trouve là de tous temps, attendant
que du travail ou du capital vienne s'y appliquer. Qu'une société créée
beaucoup ou peu de richesse, elle dispose toujours de la même quantité de
terre — autrement dit, la terre n'est pour rien dans l'accroissement de la
richesse (j'insiste, on parle ici de la terre en tant qu'espace géographique
donné par la nature. S'il s'agit d'une terre dont les propriétés ont été modifiées
par l'action du travail humain, les choses se présentent différemment : non à
cause de la terre en elle-même, mais en raison du travail qui y a été
incorporé). La terre peut donc donner lieu à un revenu, la rente foncière, sans
pour autant avoir contribué à créer de la richesse. Ce revenu correspond donc
nécessairement à un prélèvement sur de la richesse créée ailleurs. Il
est rendu possible par le fait que la terre existe en quantité limitée, qu'on
ne peut pas en produire des étendues supplémentaires, et qu'elle est appropriée
de manière privée. Les propriétaires sont donc en situation de monopole,
et c'est ce qui leur permet d'obliger les industriels et les fermiers à leur
concéder une partie de leurs revenus. Ricardo, qui n'avait rien d'un
socialiste, fera remarquer que si la terre appartenait à l'État, celui-ci
pourrait supprimer la rente foncière. La richesse globale de la société n'en
serait nullement diminuée, et les sommes ainsi économisées par les capitalistes
et les fermiers leur permettraient d'investir, donc d'accroître davantage
cette richesse globale.
Adam Smith
et le travail commandé
Revenons-en
maintenant à l'affirmation par la théorie de la valeur que toute création de
richesse est, directement ou indirectement, due au seul travail. A. Smith est
le premier économiste à énoncer cette proposition de manière plus ou moins
nette. Il ne parvient toutefois pas à formuler une théorie cohérente sur la
base de ce point de départ. Adam Smith oscille en fait, sans trancher
véritablement, entre une théorie dite du travail « incorporé »
(lorsqu'il cherche à comprendre comment se créée la valeur) et une théorie du
travail « commandé » (où son problème est davantage de trouver comment
mesurer la valeur créée). La théorie du travail incorporé explique que la valeur
d'une marchandise est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour la
fabriquer. Celle du travail commandé établit que la valeur de cette marchandise
est fonction de la quantité de travail que sa vente permet d'acheter. La
première proposition fait donc dépendre la valeur d'une donnée purement
technique : la productivité du travail. La seconde fait dépendre la valeur
d'une donnée sociale : le salaire — puisque toute variation du salaire
modifiera la quantité de travail que l'on peut « commander » avec une
marchandise donnée.
C'est
Ricardo qui pointera les contradictions de la théorie du
travail « commandé » de Smith : selon cette théorie, la valeur d'un
kilo de blé dépendrait en effet de la quantité de travail que le blé permet
d'acheter. Mais cette quantité de travail est elle-même fonction du salaire...
dont le montant est lui-même fonction du prix du blé, puisque les travailleurs
consacrent une part importante de leur budget à acheter du pain. Le
raisonnement présente donc une grave erreur logique : il est circulaire
(familièrement, on dirait qu'il se mord la queue). Il n'est donc pas
acceptable.
David
Ricardo et le travail incorporé
Ricardo
reprend et affine donc la théorie esquissée par Smith à propos de la
détermination de la valeur par le travail incorporé, en soulignant un certain
nombre de points essentiels :
- la théorie de la valeur n'est valable que pour les marchandises produites, et reproductibles par le travail humain. Un bien non produit (l'air, la terre en tant qu'espace géographique) ou non reproductible (la Joconde) n'entre pas dans le champ d'application de la théorie de la valeur
- la quantité de travail incorporé qui fixe la valeur d'une marchandise est une quantité de travail social, et non de travail individuel. Si un artisan maladroit met deux jours pour fabriquer des chaussures que les autres artisans assemblent en une journée, il ne les vendra pas deux fois plus cher. Sur un marché donné, la valeur d'une marchandise est unique, et elle est le résultat d'une moyenne entre les temps de fabrication des différents producteurs.
- le temps de travail qui intervient dans la création de valeur est un temps total, qui inclut aussi bien le travail directement dépensé dans la production que le travail indirect, passé, qui a servi à fabriquer les bâtiments, machines, matières premières, utilisés. Si pour produire une hache, les forgerons emploient 2 kg de fer ayant nécessité 4 jours de travail, et qu'ils mettent eux-mêmes 3 jours à la forger, celle-ci aura pour valeur l'équivalent de 7 jours de travail.
- C'est la valeur ainsi déterminée par le temps de travail consacré à la production qui règle le rapport d'échange d'équilibre entre les marchandises. S'il faut 7 jours pour fabriquer une hache et 14 jours pour fabriquer un chariot, un chariot s'échangera idéalement contre deux haches (il « vaudra » deux haches). Si l'on prend comme référence non le troc, mais une monnaie, on dira par exemple que si la hache a pour valeur 100 euros, alors le chariot aura quant à lui pour valeur 200 euros. Ricardo emploie le terme de prix naturel pour désigner cette valeur (ce prix d'équilibre) exprimé en monnaie.
- Ce prix naturel est un prix d'équilibre, car si à un moment donné tous les prix correspondaient effectivement aux prix naturels, cela voudrait dire d'une part que pour chaque marchandise, l'offre est égale à la demande, et que d'autre part, aucun travailleur n'aurait intérêt à changer de métier, chaque journée de travail dans les différents métiers étant rémunérée de la même manière. J'ai développé ce dernier point, qui mérite qu'on s'y arrête plus longuement, dans le chapitre appelé la gravitation ricardienne.
Les apports
de Karl Marx
Après
Ricardo, c'est essentiellement Marx qui apportera des raffinements
supplémentaires à la théorie de la valeur-travail. Pour en rester aux très
grandes lignes, selon Marx :
- la valeur n'est pas une propriété intrinsèque, naturelle, des objets. Derrière le rapport entre les choses (le rapport d'échange, le prix), se cache un rapport entre les hommes. Et la valeur (tout comme l'échange, d'ailleurs), loin d'être une loi économique universelle, est liée à la forme spécifique, historiquement déterminée, qu'est l'économie marchande (dont le capitalisme est un cas particulier). La notion de prix naturel est en elle-même une aberration. Née avec l'économie marchande, la loi de la valeur disparaîtra avec elle.
- le problème des différentes qualités et des différentes qualifications du travail, peu traité par Ricardo, ne constitue pas, comme le pensaient ses adversaires, une objection à la théorie de la valeur-travail. Il peut être résolu dans le cadre de cette théorie, en comprenant comment le travail qui fixe la valeur est un travail simple et abstrait, et comment tout travail complexe et concret peut se ramener à du travail simple et abstrait.
- Marx s'est également attelé à résoudre le problèe sur lequel avait buté Ricardo : comment concilier l'idée que les marchandises s'échangent proportionnellement à la quantité de travail nécessaire à leur production, avec le fait que les différentes marchandises ne se fabriquent pas avec la même proportion de capital et de travail ; dès lors, la vente des marchandises à leur valeur ainsi définie entraînerait des taux de profit inégaux selon les branches, ce qui est contradictoire avec la mobilité des capitaux d'une branche à l'autre, qui est synonyme de la formation d'un taux de profit moyen. La solution proposée par Marx fera, à son tour, couler beaucoup d'encre.
Au delà de
leurs différences, il y a donc un point commun extrêmement important, une
continuité de pensée, qui relie Smith à Marx en passant par Ricardo :
l'affirmation que la richesse est en définitive, malgré les apparences, créée
par un seul facteur, le travail humain. Nous reviendrons dans un instant sur
les conséquences politiques de cette affirmation.
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